Les "hérétiques"
cathares reçurent de nombreuses appellations pour les différencier du reste
de la population : Bonshommes par ci, Patarins par là, En France
on les surnommaient plus communément "Albigeois" ou "Tisserands"
: "Selon Eckbert, encore, *texerant*, tisserands, est le nom populaire
des cathares en France, d'après la pratique du tissage (PL 195, c.14, ab usu
texendi). En fait, la première mention du terme se trouve dans le Nord, sous
la plume du chroniqueur Baudry, évêque de Noyon-Tournai (+ 1097), à propos
de Ramihrd, brûlé à Cambrai en 1077 : *de cette secte, beaucoup
demeurent dans certaines villes jusqu'à maintenant. Et vivant du tissage, ils
en portent le nom*. (Ed.Le Glay, Chronique d'Arras et de Cambrai, Paris
1834, pp. 356/357; Frédéricq, op. cit., pp. 10/11).
Il est normal que l'exercice d'un métier manuel ait frappé les imaginations.
Le mot est repris, toujours lié à une pratique effective, par les milieux cisterciens.
Saint Bernard écrit dans son sermont 63 sur le Cantique des Cantiques: *On
trouve parmi eux des clercs et des prêtres, abandonnant leurs ouailles et leurs
églises, sans tonsure mais avec toute la barbe, parmi des tisserands et des
fileuses* Simple allusion à l'activité pour Saint Bernard, le mot est
une désignation précise pour son historiographe : * des tisserands, qu'eux
appellent Ariens* (cf supra, p.302, n.35)"
Tiré de "La religion des cathares" de Jean Duvernoy. pp. 307/308